Aphasie de Broca : diagnostic, causes et réhabilitation

L’aphasie est un trouble d’origine neurologique qui implique la perte de l’habileté de communiquer : incapacité de communiquer ou incapacité de comprendre ce que l’on nous dit. Cet article traite de l’Aphasie de Broca, également connue comme aphasie de production, expressive ou motrice. Elle se présente comme une difficulté modérée ou sévère de la communication, dûe à une altération de l’expression du langage.

Aphasie de Broca

Aphasie de Broca

Qu’est-ce que l’aphasie de Broca ?

L’aphasie de Broca est un des nombreux troubles du langage. Elle affecte le langage parlé. Le symptôme le plus caractéristique de cette aphasie est la difficulté à s’exprimer de manière fluide ou avec des phrases complètes et articulées. La compréhension, quant à elle, est relativement bien préservée. L’aphasie de Broca peut s’accompagner de difficultés d’écriture, mais ces dernières sont inférieures aux difficultés orales.

Les aphasies sont classées en fonction de la localisation de la lésion cérébrale en cause. L’aphasie de Broca est causée par une lésion dans l’aire de Broca, qui se trouve dans le lobe frontal gauche du cerveau. Cette aire est le centre du langage expressif. Elle remplit différentes fonctions liées aux composantes du langage : ordre des mots, organisation des mots en phrases (syntaxe), intégration sémantique et planification motrice du langage.

Diagnostic de l’aphasie de Broca

Afin de d’effectuer un diagnostic de l’aphasie de Broca, différents instruments d’évaluation neuropsychologique peuvent être utilisés, qu’ils soient généraux ou plus spécifiques à la détection de l’aphasie.

Le diagnostic de l’aphasie de Broca se fonde sur l’exploration des divers composants du langage. On évalue si chacun de ces composants est intact ou affecté, ce qui permet d’identifier le type d’aphasie. Les composants évalués sont les suivants : le langage spontané, la compréhension, la répétition, la dénomination et les séquences automatisées.

Le langage spontané dans l’aphasie de Broca

Il s’agit de la capacité à débuter et maintenir un discours. L’évaluation du langage spontané se focalise sur le paramètre de la fluidité verbale. La fluidité verbale est considérée continue si l’on peut écarter ces deux conditions :

  • Langage non-fluide : La personne est capable de former des phrases en faisant beaucoup d’efforts et en se fatiguant. Son langage se caractérise par l’apparition de dysprosodies (irrégularités dans le rythme, le ton et l’inflexion de la voix) et d’agrammatismes (altération de la construction de structures syntaxique).
  • Langage fluide ou hyper-fluide : il s’agit d’une émission normale ou supérieure (plus de 200 mots par minute), accompagnée de prosodie et d’une articulation normales. Les altérations qui apparaissent dans ces cas-là se situent dans le contenu du discours. Il s’agit de paraphasies. Celles-ci peuvent être de type sémantique (le mot utilisé est erroné et appartient à la même catégorie que celui qui aurait dû être utilisé), et de type phonologique (erreurs phonétiques comme le changement de syllabes dans le même mot).

Dans le cas de l’aphasie de Broca, le langage spontané n’est pas considéré comme fluide.

Compréhension dans l’aphasie de Broca

Dans le cas de l’aphasie de Broca, la compréhension n’est pas affectée. On parle de compréhension préservée, en opposition avec la compréhension altérée. Pour évaluer la compréhension, on utilise des tests dans lesquels la production de langage n’est pas nécessaire.

Répétition dans l’aphasie de Broca

Dans le cas de l’aphasie de Broca, la répétition est altérée. La répétition est la capacité de décoder les informations auditives, chercher le code phonologique correspondant et le reproduire au travers du processus articulatoire. Si certain de ces aspects sont altérés, la répétition sera affectée. Pour évaluer la capacité de répétition, on fait répéter des lettres, des mots, des mots inventés et des phrases au sujet et l’on observe si ce dernier présente des difficultés.

Dénomination dans l’aphasie de Broca

Il s’agit de la capacité de nommer. Chez les patients qui souffrent d’une aphasie de Broca, cela demande un effort considérable. Cette altération s’appelle l’anomie (manque de vocabulaire).

Évaluation dyslexie CogniFit

Séquences automatisées dans l’aphasie de Broca

Les séquences automatisées sont une capacité linguistique élémentaire, qui consiste en des séquences apprises par cœur comme les numéros, les mois de l’année, les jours de la semaine, etc. Contrairement au langage volontaire, ce langage automatique se maintient préservé dans la plupart des aphasies.

Symptômes de l’aphasie de Broca

Voici les symptômes spécifiques de l’aphasie de Broca :

  1. Manque de fluidité verbale : Lenteur et fatigue lors de l’expression verbale, nombre réduit de mots différents utilisés.
  2. Anomie : Difficulté pour évoquer le nom des choses.
  3. Agrammatisme : Incapacité à construire des phrases complètes et adéquates.
  4. Difficultés de répétition : Compréhension lors de l’écoute mais incapacité de répéter les mots entendus.
  5. Conscience du déficit : Contrairement à d’autres types d’aphasie (aphasie fluente par exemple), les personnes qui souffrent d’aphasie de Broca se rendent compte de leurs erreurs.
  6. Stéréotypie : Le patient qui souffre d’une aphasie de Broca aura tendance à répéter les mêmes mots ou les mêmes expressions (ex: je suis parti, parti, parti).

En plus de ces symptômes, l’aphasie de Broca peut être accompagnée d’autres symptômes associés d’origine neurologique :

  • Apraxie buco-faciale : Incapacité de réaliser des mouvements coordonnés dans la zone du visage et de la bouche. Elle n’est pas due à une cause physique.
  • Hémiparésie : Faiblesse d’un côté du corps.
  • Hémiplégie : Paralysie d’un côté du corps.
  • Altération des capacités de lecture et d’écriture.

Causes de l’aphasie de Broca

L’aphasie de Broca se développe le plus souvent après avoir souffert un accident vasculaire cérébral (ischémique ou hémorragique) dans l’hémisphère gauche (qui est considéré dominant de le domaine du langage). Lorsque l’AVC affecte l’artère cérébrale médiane, il est très probable que le langage soit altéré. Une aphasie de Broca peut également être causée par un traumatisme craneo-encéphalique (TCE) ou par la présence d’une tumeur cérébrale.

Par ailleurs, on peut observer des symptômes associés à l’aphasie de Broca parmi les symptômes des maladies neurodégénératives :

  • Aphasie progressive primaire non-fluide : il s’agit d’une détérioration progressive du langage. Au début de son évolution, la personne APP non-fluide ne présente pas d’autres signes de démences. On la remarque à cause d’un manque de fluidité de l’expression ainsi que la présence d’agrammatisme et d’anomie.
  • Maladie d’Alzheimer : en plus des symptômes typiques de la détérioration cognitive produite par cette maladie (déficit de la mémoire et de l’attention, désorientation, etc.), la personne qui souffre de la maladie d’Alzheimer montre une réduction du langage spontané et une anomie. Elle utilise des mots génériques, tourne autour du pot (en exprimant quelque chose avec longueur au lieu d’utiliser une façon plus brève de le dire).
  • Maladie de Parkinson : on observe une diminution de la fluidité verbale, pauvre en complexité syntaxique et parfois un agrammatisme.

Réhabilitation de l’aphasie de Broca

La réhabilitation ou la récupération des capacités dans les cas d’aphasie de Broca va dépendre de la sévérité initiale des symptômes. Lors de la phase initiale des troubles cognitifs, on peut obtenir une récupération spontanée et une réorganisation de certaines zones du cerveau, afin de compenser les déficits. À partir de là, on peut commencer le processus de réhabilitation, qui sera marqué des objectifs suivants :

  • Améliorer les habiletés du langage oral et écrit
  • Faciliter la participation dans la communication quotidienne
  • Obtenir une communication efficace, bien qu’il s’agisse d’un style de langage plus simplifié
  • Améliorer la qualité de vie du patient

La réhabilitation de l’aphasie de Broca est principalement le travail du logopédiste (professionnel qui traite les troubles du langage). Le neuropsychologue joue également un rôle fondamental dans ce processus, en aidant le logopédiste à faire son travail et en travaillant sur le reste des zones cognitives qui peuvent aider à la récupération de la capacité linguistique (mémoire, attention et fonction exécutives). Le degré et le taux de récupération varient selon les différentes facettes du langage : il semblerait que la compréhension et la répétition se récupèrent plus facilement que la dénomination et la fluidité. En fonction des déficits linguistiques de la personne, on élabore un plan d’intervention spécifique, qui contiendra des tâches telles que :

  • Stimulation neuropsychologique basique (mémoire, attention, fonctions exécutives, raisonnement, calculs, etc.).
  • Activités de dénomination afin d’améliorer l’anomie, grâce à l’utilisation de clés facilitatrices de type phonologique (première lettre du mot par exemple) et sémantique (catégorie à laquelle appartient le mot cherché).
  • Entraînement à la construction de phrases.
  • Augmenter la longueur des expressions. Commencer par un élément et aller en augmentant à deux, puis trois, etc.

Évaluation cognitive CogniFit

Ces tâches sont des exemples du travail qui peuvent être réalisé afin de récupérer les capacités d’une personne qui souffre d’aphasie. Le plus important n’est pas de classifier l’aphasie dans une catégorie, mais de détecter les capacités non-préservées de la personne afin de pouvoir travailler sur ces dernières en s’appuyant sur celle qui sont restées intactes.

“Source : Natalia Pasquín Mora, psychologue sanitaire de CogniFit spécialisée en psychogériatrie et en neuropsychologie.”