L’Hypersensibilité, qu’est-ce que c’est ? Est-ce que vous ressentez le monde intensément ?

L’hypersensibilité est une autre façon de ressentir le monde, tout est plus intense que pour une personne lambda. Si vous vous êtes déjà surpris en train de penser « Non, je ne vais pas aller au supermarché, ça va me fatiguer toutes ces lumières » ou bien si vous êtes vite surmené par le bruit des voisins, il est possible que vous soyez vous aussi hypersensible, comme 20% de la population. Même si vous n’êtes pas touché par cette sensibilité, cet article vous aidera à mieux comprendre les personnes hypersensibles et ce qu’elles vivent au quotidien.  

L'Hypersensibilité, qu'est-ce que c'est ?
L’Hypersensibilité, qu’est-ce que c’est ?

Définition de l’hypersensibilité

L’hypersensibilité est tout simplement une sensibilité accrue, exagérée, voire extrême, permanente ou non, pathologique ou non. Lorsque je parle de pathologie, je veux évoquer la personne en souffrance même si l’hypersensibilité peut être due à une autre maladie, psychiatrique ou somatique. L’hypersensibilité peut aussi être simplement la résultante d’une situation de vie compliquée comme un burn out ou une rupture amoureuse. C’est quelque chose qui peut donc tous nous touché à un moment ou un autre sans forcément advenir.

De plus, l’hypersensibilité peut être immunologique ; concrètement, ce sont les allergies. C’est alors une hypersensibilité de l’organisme, celui-ci va réagir de manière excessive face à un « intrus ». Ce n’est cependant pas ce que l’on va développer dans cet article, on va plutôt se pencher sur l’hypersensibilité sensorielle. Il est cependant intéressant de noter que les personnes hypersensibles sont tout de même souvent en proie à des allergies et des intolérances médicamenteuses et alimentaires.

L’hypersensibilité dont on parle est un trouble du traitement sensoriel qui peut toucher tous les sens : l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût, l’audition mais aussi la proprioception (positionnement du corps) et la nociception (douleur). Il existe aussi des personnes hyposensibles et, on peut s’en douter, celles-ci auront un comportement aux antipodes des personnes hypersensibles ; l’un aimera le silence tandis que l’autre adorera les sirènes d’alarmes.

L’hypersensibilité peut aussi être émotionnelle, d’un côté, ces personnes vont être très perméables aux émotions des autres et d’un autre, elles vont réagir de façon plus extrême émotionnellement parlant, sans toutefois basculer dans le théâtralisme. Cela peut sembler extrême de l’extérieur en comparaison à d’autres mais pour ces personnes, c’est une réaction ajustée par rapport à ce qu’ils reçoivent.

Cette hypersensibilité n’est pas le seul fait des hommes. Selon Elaine Aron, pionnière de la description de la personne « highly sensitive », ce trait a aussi été retrouvé chez la plupart des animaux. Ce serait donc une véritable caractéristique innée et non un apprentissage.

L’hypersensibilité dans les troubles du spectre autistique

Le trouble autistique touche environ 650 000 personnes en France. Ce trouble se décline sous diverses formes et connaît des différences interindividuelles. Toutefois, il se caractérise principalement par des difficultés dans les interactions sociales et dans la communication et d’un autre côté au niveau du caractère restreint et des affects condensés sur quelques intérêts.

L’une des grandes particularités autistiques, pour 90% d’entre eux en tout cas, c’est l’hypersensibilité. Ils sont souvent dépassés par leurs sens et il est très difficile pour eux d’être serein dans ce monde sensoriel, d’autant plus que nous sommes constamment surchargés de stimuli dans nos sociétés modernes. Ajouté à leur hypersensibilité, leur façon de gérer leurs émotions, plus spontanée et sans notion du regard gênant de l’autre, peut les amener à hurler si leur repas est trop chaud, ce qui peut être surprenant de prime abord. De la même façon, un toucher léger peut être une réelle souffrance pour une personne autiste, ce qui conduit probablement la plupart d’entre eux à ne pas répondre aux tendresses physiques des autres.

Neurobiologie de l’hypersensibilité autistique

Cérébralement, l’hypersensibilité est un défaut d’intégration des sensations dans le cerveau, ce qui conduit à des réactions souvent violentes des personnes atteintes d’autisme.

Afin d’étudier la neurobiologie de l’hypersensibilité, des chercheurs se sont penchés sur le syndrome de l’X fragile, une des formes de l’autisme. Pour ce faire, ils ont utilisé des souris avec la mutation génétique caractéristique de cette pathologie et ils ont mesurés leurs activités cérébrales lors de stimulus tactiles. Ils ont noté que les neurones du cortex somatosensoriel qui traient donc les informations sensorielles sont hyperexcitables.

Cette hyperexcitabilité serait due à la protéine FMRP, celle qui est en jeu dans la mutation du gène du syndrome de l’X fragile. Cette protéine serait impliquée dans la régulation des canaux ioniques, c’est à dire qu’elle ferme ou ouvre les canaux qui laissent passer l’influx nerveux. Si l’influx passe en continu, le cerveau est hyper stimulé. C’est grossièrement ce qu’il se passe lors d’une épilepsie, les canaux s’ouvrent tous et le cerveau s’enflamme. L’hypersensibilité n’est pas une ouverture totale des canaux non plus mais tout de même une ouverture perturbée. D’ailleurs, le docteur Kaustubh Supekar aimerait évaluer l’effet des médicaments antiépileptiques sur des personnes autistes.

D’autres études ont mis en évidence des hyper-connectivités neuronales chez les enfants autistes au QI normal et cela au prorata de leurs difficultés sociales contrairement à la sous-connectivité évoquée historiquement. Kaustubh Supekar émet l’hypothèse que cette hyper-connectivité les empêcheraient de passer simplement d’une activité à une autre, ce qui expliquerait le fait qu’ils aiment répéter les mêmes taches. Cependant, cela est uniquement le cas pour les enfants, car d’autres résultats ont été retrouvés chez les adultes autistes.

Pour mieux comprendre l’hypersensibilité auditive, voici une vidéo de Miguel Jiron :

L’hypersensibilité chez les personnes à hauts potentiels

Les personnes atteintes du trouble du spectre autistique ne sont bien sûr pas les seuls à connaître ces déroutes sensorielles, ils sont aussi très communs chez les personnes dites à haut potentiel.

Le haut potentiel est une des façons de nommer la surdouance ou la précocité. Ce n’est pas simplement un QI supérieur aux autres, mais tout un mode de fonctionnement qui diffère du « commun des mortels ».  La pensée est dite en arborescence plutôt que linéaire, l’imagination et la créativité sont bien développées et l’activité motrice traduit le bouillonnement intellectuel.

De manière globale, les personnes à haut potentiel analyseront le monde de manière plus fine et plus intense que la moyenne. Cette hypersensibilité globale peut donc les amener à être plus angoissés, nerveux voir même conduire à un isolement, dans le but de couper avec toutes ces stimulations. C’est donc à peu près la même chose que pour les personnes atteintes d’autisme même si leurs réactions seront probablement moins surprenantes. Ce qui permet possiblement aux personnes à haut potentiel de mieux vivre au quotidien avec les autres contrairement aux personnes autistes, c’est qu’elles développent un « faux-self » pour se fondre dans la masse et ressentir de façon moindre le décalage.

Vivre avec et travailler avec son hypersensibilité

Vivre avec une hypersensibilité peut se révéler être une vraie épreuve du combattant pour certains ; éviter les supermarchés over-éclairés, vouloir disparaître quand nos amis mettent la musique bien trop fort et que cela nous emporte ou bien ne pas supporter ce magnifique soleil éclatant. Il est bien sur possible de s’adapter au monde environnant tout de même, ne serait-ce qu’en signalant le malaise et en l’expliquant et en se protégeant au possible.

Il faut savoir qu’une personne hypersensible réagira selon trois possibilités comportementales si elle est submergée par ses sensations ou émotions : soit il entre dans un « combat » (colère ou irritabilité), soit il fuit (en se repliant sur lui-même ou en partant physiquement), soit bien il devient apathique (plus d’activité motrice et psychique).

Pour les personnes qui vivent mal leur hypersensibilité, des thérapies cognitivo-comportementales peuvent être proposées afin de travailler sur leurs cognitions et ressentis.

Le site d’Elaine Aron, elle-même hypersensible, regorge de conseils pour bien vivre avec cette particularité. L’idée n’est pas que l’on est malade mais simplement que l’on est différent. Dans ce sens, il faut se ménager, faire attention à soi et prendre en compte nos particularités pour ne pas se sentir surmener par les stimuli du monde.

L’hypersensibilité peut aussi être noyée parmi d’autres symptômes et dans ce cas, il sera plus judicieux de traiter le syndrome avec une thérapie adaptée. Une personne dépressive peut par exemple être hypersensible mais s’occuper seul de sa sensibilité ne résoudra pas à long terme sa souffrance.

Hypersensibilité et art

L’hypersensibilité est autant vu comme une malédiction que comme un don, ces termes légèrement extrêmes sont utilisés dans le but de rendre compte du ressenti de la chose. Ne pas pouvoir aller au supermarché parce que les lumières vous font mal et que le bruit de la foule vous perturbe n’est pas quelque chose qui facilite la vie, mais d’un autre côté, cela facilite l’empathie, quoi que parfois trop forte et surtout, l’art. Une musique classique sera un réel torrent émotionnel dans leur vie.

Leur façon d’être touché par l’art sous toutes ses formes est une opportunité de voir la « beauté » mais aussi de la transmettre. Un hypersensible qui compose une sonate réussira à nous transmette toute son émotion au travers de mélodieuses notes.

De nombreux artistes sont diagnostiqués hypersensible (et autres..) après leur mort, comme Van Ghog par exemple, qui nous a laissé cette magnifique toile de nuit grâce à sa jolie sensibilité. Il est dommage d’être aujourd’hui seulement dépassé par son hypersensibilité sans en connaître les avantages. Si vous êtes hypersensibles, prenez le temps d’apprendre à vous connaitre pour pouvoir retirer le meilleur de votre différence.

Merci d’avoir lu cet article ! N’hésitez pas à écrire un petit commentaire ou à poser vos questions, j’y répondrai avec toute mon attention.

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