Trouble du comportement alimentaire : Hyperphagie
Saviez-vous que 3% des femmes âgées entre 15 et 25 souffrent de troubles alimentaires ? Et que 90% des personnes qui souffrent d’un trouble alimentaire sont des femmes ? L’un de ces troubles est l’hyperphagie. Il peut toucher n’importe qui de votre entourage, votre sœur, votre femme, votre mère, vos amies, ou vous-même. C’est pourquoi, je pense que c’est le moment d’en parler (enfin) ! Donc si vous souhaitez en savoir plus sur l’hyperphagie, je vous invite à continuer votre lecture.
Un bon gratin plein de fromage, une tarte aux pommes, un gâteau au chocolat, une bonne pizza succulente… ça vous fait rêver non ?
Qui n’aime pas manger ? savourer les différents plats, qu’ils soient faits maison ou non.
Il y a quelques années, les meilleures soirées étaient celles où vous sortiez faire la fête, mais maintenant pour la plupart d’entre nous, les meilleures soirées c’est un bon film et un grand bol de pop-corn ou une grosse boite de poulet frit ou même une pizza XXL à manger au lit.
Effectivement, manger c’est agréable, mais pas pour tout le monde, parfois ça devient une pathologie comme chez les personnes qui souffrent d’hyperphagie. Et lorsqu’une personne souffre d’hyperphagie, cela n’affecte pas seulement la personne atteinte, mais également son entourage.
Qu’est-ce qu’une hyperphagie ?
Une hyperphagie est une exagération de la faim ou de l’appétit, qui peut autant toucher les hommes que les femmes. Parfois, elle peut surgir que pendant la nuit, comme elle peut ne se concentrer que sur un seul type d’aliment (sucrerie, protéines, salés…)
Chez les personnes atteintes, on remarque une absence du sentiment de satiété, autrement dit, elles ont toujours faim et ne savent plus ce que c’est d’être rassasié.
L’hyperphagie peut causer l’obésité, et peut être liée à divers troubles psychiques comme la dépression, la panique, la phobie et troubles de la personnalité.
Une augmentation peut-être parfois normale, dans des cas comme :
- Chez la femme enceinte.
- Chez les enfants et les adolescents : À cause de la croissance.
- Un sportif suivant un programme intense.
- Une personne venant de subir une opération ou qui a souffert d’une maladie.
Cependant, quand l’appétit devient très important (qu’il soit périodique ou non), cela peut refléter une anomalie.
Comment notre corps régule-t-il la sensation de faim et la prise alimentaire ?
L’hypothalamus est le centre de la faim, il s’occupe de la modulation de la prise alimentaire grâce à ses différentes structures :
- Le noyau ventro-médian (VMH) = responsable de l’arrêt de la prise alimentaire, il inhibe l’activité de l’aire latérale.
- L’aire latérale (LH) = responsable de la prise alimentaire
- Le noyau para-ventriculaire (PVN)
Pour expliquer cette hyperphagie, il suffit de comparer les processus de satiété et de faim chez une personne normale et une personne hyperphagique.
Chez une personne normale :
– La faim
En cas d’hypoglycémie (caractérisée par un niveau bas de sucre dans le sang), le corps va solliciter les réserves cellulaires de glucose ce qui va causer une glycopénie (diminution du niveau du glucose dans les réserves cellulaires), ainsi on aura moins de neurones qui s’activent, et grâce à d’autres hormones comme la ghrénaline, ça va avertir les glucorécépteurs et stimuler l’aire latérale (LH), et ce dernier va entrainer une prise alimentaire.
Rôle de la ghrénaline : C’est une hormone sécrétée au niveau de l’estomac mais aussi par l’hypothalamus au niveau du noyau arqué. La ghréline est augmentée quand il n’y a rien dans l’estomac et elle contribue à la prise alimentaire et elle diminue dès qu’on ingère. Son but est de permettre d’assimiler les graisses dans le tissu adipeux. La leptine donne juste un signal d’arrêt de manger. La ghréline, elle, permet le stockage du gras, elle favorise la prise de poids.
Autrement dit, le déclenchement de la faim se fait car on a une hypoglycémie ou une glucopénie, si on a une diminution de glucose, on aura une augmentation de l’activité du LH, jusqu’à ce qu’il devienne plus fort que le noyau ventro-médian (VMH) que ce dernier ne pourra plus l’inhiber.
– La satiété
Le centre de la satiété est le noyau ventro-médian à l’aide de la leptine sécrétée au niveau du tissu adipeux.
Une fois, vos réserves de glucose remplies, le noyau ventro-médian prend le dessus sur l’aire latérale et provoque un arrêt du comportement alimentaire.
Rôle de la leptine = Sécrétée par le tissu adipieux, elle a des récépteurs au niveau du noyau arqué. Elle est là pour prévenir qu’il y a assez de gras au niveau du sang et du pancréas et qu’il faut arrêter de manger. Effectivement, plus il y a de gras et plus ça engendre la sécrétion de la leptine
Les souris qui n’ont pas le gêne de la leptine vont tout le temps manger et grossir beaucoup et avoir une préférence pour les aliments gras. Chez une personne non hyperphagique, l’activité du VMH (satiété) et plus forte que l’activité du LH (faim), puisqu’on passe plus de temps à ne pas manger que manger.
Chez une personne hyperphagique
– La faim
L’hyperphagie peut être due à une lésion au niveau du VMH ou un dysfonctionnement, ce qui peut causer une exagération de la faim et un sentiment de non rassasiement même après manger.
Deux phases caractérisent cette hyperphagie :
- Une phase dynamique (l’animal mange 2 à 3X plus que la normale
- Une phase statique où le comportement alimentaire est normal, il va stabiliser son poids.
Si on le force à manger, il va augmenter puis diminuer sans revenir au poids initial. Si on le prive, il va perdre du poids puis en gagner.
– La satiété
Une personne hyperphagique ne connait pas ce que d’être rassasié, et c’est justement le concept d’hyperphagie : Manger et ne pas s’arrêter parce qu’on a toujours cette sensation d’avoir faim alors que ce n’est pas le cas.
Donc, la satiété n’existe pas chez les hyperphagiques.
Causes psychologiques et conséquences :
L’hyperphagie peut être causée par des troubles psychologique comme :
- La dépression
- L’anxiété
- Les troubles bipolaires
- Psychose maniaco-dépressive
Les conséquences n’atteignent pas seulement la personne hyperphagique mais aussi son entourage, car comme on dit : “on est ce qu’on mange”, et manger excessivement de tout ou quelque chose en particulier peut affecter notre poids, notre santé physique et mentale, ainsi, manger n’est plus un plaisir, surtout quand nos proches ne comprennent pas ce que c’est d’avoir cette faim insatiable.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les troubles alimentaires en général et sur l’alimentation et le cerveau, nous vous conseillons de consulter les articles suivants : Troubles alimentaires : lorsque manger devient une souffrance ou Comment votre alimentation affecte-t-elle votre cerveau ? 7 raisons d’améliorer votre alimentation.
Traitement de l’hyperphagie :
Quand la cause est naturelle : croissance, grossesse, sport… L’hyperphagie peut disparaître toute seule, ou peut diminuer grâce à une routine sportive et un bon régime de vie.
Cependant, quand l’hyperphagie est due à une lésion ou un dysfonctionnement physique, il devient nécessaire de se tourner vers des professionnels de nutrition, afin de suivre des programmes précis. Vous pouvez également faire appel à un psychologue pour effectuer des thérapies telles que le TCC (thérapie comportementale et cognitives) ou l’EMDR. Psychologue ou psychiatre, à qui faire appel ?
La différence entre la boulimie et l’hyperphagie :
Bien qu’elles soient proches l’une de l’autre, la notion d’hyperphagie peut différer de la boulimie.
L’hyperphagie est un excès de nourriture, la personne a toujours faim et peut engloutir les aliments sans mastiquer, elle peut être un symptôme de la boulimie.
Par contre, la boulimie est une maladie psychiatrique qui connaît une phase d’hyperphagie suivie d’un mal-être, ou un dégout de soi.
La personne boulimique, mange une très grande quantité d’aliments caloriques, et pour se soulager physiquement et psychologiquement, elle a souvent recours aux vomissements. Alors que la personne hyperphagique ne cherche pas à se faire vomir ou à perdre du poids, elle s’arrête quand elle y est obligée (une douleur par exemple).
Comment aider un proche hyperphagique ?
Vous devez savoir qu’une personne hyperphagique n’a pas le choix, elle se sent obligée de manger parce qu’elle a littéralement faim et pas parce qu’elle n’a qu’une simple envie, vu que son corps n’arrive pas à se rendre compte qu’il est rassasié, et ce n’est pas parce qu’elle ne se fait pas vomir ou qu’elle ne cherche pas à perdre du poids qu’elle ne culpabilise pas, au contraire !
C’est pourquoi, juger une personne hyperphagique et lui dire simplement d’arrêter n’est pas vraiment utile.
La première chose que vous pourriez faire c’est mettre la personne en confiance et à l’aise vis-à-vis de vous, il faut qu’elle sente que vous êtes de son côté et non juste une personne (de plus) qui la juge.
Petit à petit, faites-lui accepter le fait qu’elle a vraiment besoin d’aide de la part d’un professionnel au cas où elle nie la vérité. Faites-la sentir que c’est une maladie comme les autres et que ça va changer sa vie.
Après, il est préférable que vous soyez la majorité de temps avec le malade, qu’il se sente aimé et encouragé, poussez-le à pratiquer du sport, et à adopter une routine au niveau alimentaire chaque semaine ou deux, et essayez de la convaincre de passer plus du temps à socialiser, à lire, à pratiquer une activité plutôt que rester seule ; autrement dit, remplissez son temps libre.
Merci d’avoir lu mon article.
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Je reste à votre disposition pour répondre aux questions.
Étudiante en psychologie, amoureuse de l’art, de la vie et des neurosciences, je serai ravie de partager avec vous mes connaissances qui ne changeront pas seulement votre façon de voir les choses mais aussi votre vie de tous les jours.