Apnées du sommeil : n’oubliez pas de reprendre votre souffle !

Depuis toujours, votre conjoint(e) ronfle, encore et toujours,… Vous êtes ainsi sujet(te) à de terribles insomnies depuis plusieurs années (parce-que non, la technique du sifflement pour faire cesser les ronflements du voisin de lit ne marche pas, qu’on se le dise). Mais voilà que depuis quelques temps, vous constatez que votre conjoint(e) ne ronfle plus du tout ; d’ailleurs à certains moments de la nuit, il ne semble même plus respirer du tout… Et si il/elle souffrait d’apnées du sommeil ?

Apnées du sommeil et ronflements sont aussi désagréables pour le ronfleur endormi que pour celui qu'il a réveillé !
Apnées du sommeil et ronflements sont aussi désagréables pour le ronfleur endormi que pour celui qu’il a réveillé !

Apnées du sommeil : définition et conséquences

Selon le Réseau Morphée, environ 2 à 4% de la population souffriraient d’apnées du sommeil, qui se manifestent par des arrêts répétés de la respiration au cours du sommeil. D’ailleurs, on connait aussi cette pathologie sous le nom de Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS) ou Syndrome d’Apnées du Sommeil (SAS). Ainsi, le syndrome d’apnées du sommeil est avant tout un trouble respiratoire. On considère que ces pauses respiratoires constituent un syndrome d’apnées du sommeil lorsque la respiration s’interrompt pendant au moins 10 secondes (parfois plus), mais que les muscles continuent leurs efforts pour induire l’inspiration, et lorsqu’on enregistre plus de 10 pauses par heure au cours d’une nuit de sommeil.

Le syndrome d’apnées du sommeil est considéré comme léger pour 5 à 15 pauses/heure ; comme modéré pour 15 à 30 pauses/heure ; et comme sévère pour plus de 30 pauses/heure.

En général, ces pauses respiratoires sont liées au relâchement de la langue et des tissus mous de la bouche (pharynx, palais mou, luette) qui obstruent alors le passage de l’air dans les voies aériennes supérieures. Le cerveau va réagir à cette diminution de la ventilation par une augmentation de l’effort inspiratoire (notamment au niveau musculaire), mais aussi par des micro-réveils visant à permettre la reprise du contrôle du rythme respiratoire. Or, les muscles étant oxygénés à l’aide de la circulation sanguine, le cœur va devoir accélérer son rythme de croisière (induisant alors une augmentation de la tension artérielle), afin de mieux oxygéner ces muscles impliqués dans l’effort d’inspiration.

De ce fait, vous pouvez aisément vous douter que les apnées du sommeil perturbent grandement le sommeil du dormeur qui en est victime. En effet, si vous ne vous rappelez pas de ces micro-réveils lors de votre réveil, ceux-ci altèrent considérablement la qualité de votre sommeil. De même, les apnées du sommeil ne sont pas sans conséquences pour beaucoup d’autres aspects :

  • Risque accru de maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, diabète de type 2, accident vasculaire cérébral, obésité) : Le sang étant moins bien oxygéné, le cœur est alors obligé de travailler beaucoup plus intensément pour alimenter suffisamment l’ensemble des organes en oxygène, entraînant ainsi son usure prématurée.
  • Fatigue intense : Comme nous l’avons vu plus haut, le cerveau réagit à cette obstruction des voies aériennes en vous réveillant, afin de relancer la respiration, perturbant ainsi le sommeil qui va rester au stade du sommeil léger (respirer ou dormir, il faut choisir !). Evidemment, le manque de sommeil réparateur occasionne une fatigue dès le réveil, une somnolence durant la journée et donc des risques d’endormissement au volant par exemple.
  • Troubles cognitifs : La fatigue entraine également une baisse de la concentration et des troubles de la mémoire.
  • Baisse de la libido/impuissance : Vous dormez mal, vous vous réveillez/lever souvent durant la nuit, vous êtes fatigué(e) en permanence, vous êtes plus souvent irritable, « Non pas ce soir, j’ai la migraine »,… Bref, on ne pas vous faire un dessin mais, en gros, l’envie n’y est pas.
  • Troubles de l’humeur : Un mauvais sommeil vous rendra apathique ou irritable selon votre tempérament, altérant ainsi les relations avec vos proches, amis et collègues de travail.
  • Céphalées : Une mauvaise oxygénation sanguine associée à des réveils répétés entrecoupant votre sommeil vous causent des maux de tête importants dès le réveil (une bonne journée en perspective !).

Comment savoir si je souffre d’apnées du sommeil ? : symptômes et facteurs de risques

Comme dans les parasomnies, le dormeur ne se rend pas compte qu’il est victime d’apnées du sommeil.

On constate d’ailleurs (à notre grand regret) que les ronfleurs ne se rendent pas non plus compte qu’ils ronflent (même de manière absolument assourdissante) la nuit ; or, de nombreux ronfleurs sont également victimes d’apnées du sommeil, car ronflements et pauses respiratoires sont tous deux liés à l’obstruction des voix aériennes par les tissus mous comme nous l’avons vu plus haut. De ce fait, c’est généralement l’entourage qui constate ces apnées du sommeil (en tout cas les personnes qui dorment avec vous). Ainsi, votre voisin de lit constate qu’au cours de votre sommeil :

  • Vous ronflez bruyamment ;
  • Vous faites plusieurs pauses respiratoires ;
  • Vous vous réveillez dans la nuit, avec la sensation d’étouffer, comme si l’air vous manquait ;
  • Vous vous levez souvent la nuit pour aller aux WC ;
  • Vous avez des sueurs nocturnes ;
  • Vous bougez beaucoup dans le lit durant la nuit.

A noter que certaines personnes sont plus susceptibles de développer un syndrome d’apnées du sommeil. On retrouve ainsi plusieurs facteurs de risques :

  • Etre de sexe masculin: En effet, on dénombre environ 3 hommes touchés pour 1,5 femmes ;
  • Avoir plus de 40 ans : A noter cependant que les enfants et les jeunes adultes peuvent aussi en souffrir ;
  • Avoir une morphologie du visage particulière : On entend par là une petite mâchoire notamment, un visage fin, de grosses amygdales, un épais voile du palais ou encore une langue trop épaisse ;
  • Souffrir d’obésité ;
  • Boire régulièrement de l’alcool et/ou fumer ;
  • Prendre certains médicaments (anxiolytiques, somnifères) ;
  • Etre ménopausée : En effet, les œstrogènes semblent jouer un rôle protecteur, puisqu’on constate que les femmes ménopausées présentent autant de risques de souffrir d’apnées du sommeil que leurs homologues masculins tous âges confondus ;
  • Dormir sur le dos.

Diagnostic et traitements des apnées du sommeil

Mis à part le recueil de données cliniques lors d’un entretien où votre conjoint(e) pourra se faire un malin plaisir à évoquer tous vos symptômes en passant du ronflement assourdissant aux effrayantes nombreuses pauses respiratoires, votre médecin généraliste pourra vous diriger vers un médecin spécialiste du sommeil afin de passer d’autres examens plus spécifiques :

  • La polygraphie ventilatoire nocturne (ou de sommeil) : Réalisé à domicile à l’aide d’un dispositif mis en place en cabinet ou à l’hôpital, cet examen permet d’enregistrer le taux d’oxygénation du sang, le rythme cardiaque, le flux d’air inspiré et expiré par le nez et par la bouche, les mouvements respiratoires, la position corporelle, ainsi que les sons de votre respiration et de vos ronflements pendant le sommeil. Facile à mettre en œuvre, cet examen est toutefois possible à réaliser si le sommeil est relativement continu (donc peu fractionné par de fréquents réveils). On le privilégie notamment chez les enfants, afin d’éviter de passer une nuit à l’hôpital. A noter qu’au moins 6 heures de sommeil consécutives sont nécessaires pour que l’examen soit fiable.
  • La polysomnographie nocturne : Cet examen beaucoup plus complet se réalise nécessairement à l’hôpital dans un laboratoire du sommeil, car il nécessite nettement plus d’appareillages. Il est celui permettant d’établir avec certitude le diagnostic de syndrome d’apnées du sommeil de par la diversité des mesures enregistrées. En effet, celui-ci mesure l’activité cérébrale, les micro-réveils et les stades de sommeil effectifs (par électroencéphalogramme), l’activité oculaire, l’activité musculaire du visage, des bras et des jambes (électromyogramme), la position de sommeil du dormeur, la fréquence cardiaque (électrocardiogramme), les ronflements et différents paramètres respiratoires (mouvements inspiratoires, flux respiratoires, oxygénation du sang et taux de CO2 expiré, pauses respiratoires au niveau du nez et de la bouche). De la même façon que pour la polygraphie, 6 heures de sommeil consécutives sont nécessaires pour que les résultats soient valides. La polysomnographie nocturne permet également d’établir un index d’apnées/hypopnées, l’apnée étant l’interruption complète de la respiration pendant au moins 10 secondes et l’hypopnée une interruption partielle (réduction de 30% du débit aérien).

Ces examens permettent ainsi de dépister un syndrome d’apnées du sommeil, mais également d’évaluer l’efficacité d’un traitement mis en place pour parer à ces symptômes. En effet, plusieurs possibilités s’offrent aux patients :

  • L’orthèse d’avancement mandibulaire : Ancrée sur les dents, l’orthèse maintient la mâchoire du bas plus avancée que d’ordinaire afin de dégager les voies respiratoires (la langue se place alors plus en avant) et de limiter ainsi les pauses respiratoires. Ce traitement est principalement proposé aux patients souffrant d’apnées du sommeil légères. L’avantage de l’orthèse (qui ressemble un peu à une gouttière dentaire pour ceux qui ont déjà eu la joie d’en porter) est qu’elle est peu contraignante pour les patients qui, de ce fait, l’utilisent quotidiennement. Il ne faut évidemment la porter que lors des périodes de sommeil (nuit ou sieste). A noter que l’orthèse est déconseillée aux personnes souffrant de troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (qui se manifestent notamment par des douleurs ou des craquements à l’ouverture de la bouche ou pendant la mastication), et que celle-ci peut modifier votre type d’occlusion dentaire si vous la portez à long terme.
  • La ventilation à pression positive continue (PPC ou CPAP) : Il s’agit d’un appareil (bruyant et encombrant, mais efficace) permettant d’insuffler de l’air en continu par le nez, via un masque porté pendant le sommeil. Cet appareillage est privilégié face des apnées du sommeil modérées ou sévères, à raison d’au minimum 5h de port par nuit. La pression continue est personnalisée selon la sévérité des apnées, afin de maintenir les voies respiratoires ouvertes toute la nuit. Comme je vous l’ai subtilement suggéré au début du paragraphe, ce dispositif est aussi efficace qu’encombrant (franchement, vous avez déjà essayé de dormir avec un masque à oxygène ?). Si les premières nuits peuvent être un peu difficiles niveau endormissement (à moins que vous ayez une bonne capacité à vous endormir depuis toujours, bande de chanceux), cela demande un peu de patience pour s’habituer au dispositif. Toutefois, les études montrent qu’environ les 2/3 des patients cessent de porter la CPAP après 1 an d’utilisation. Pourtant, l’efficacité redoutable de la CPAP est effective sur les apnées du sommeil, mais aussi sur la fatigue diurne, les troubles cognitifs associés et l’hypertension artérielle.
  • La chirurgie des voies respiratoires : Si le traitement par CPAP est inefficace ou s’il est réellement insupportable pour le patient souffrant d’apnées sévères, la chirurgie peut alors être envisagée : ablation des amygdales, uvulopalatoplastie (ablation de tissu du palais), chirurgie maxillomandibulaire (pour des déséquilibres des mâchoires non-corrigibles par l’orthodontie), chirurgie du nez ou des sinus (en cas d’anomalie ou déformation des cloisons). Toutefois, les études montrent que la chirurgie n’est pas efficace chez tous les patients, et que les apnées peuvent réapparaitre.
  • La chirurgie de l’obésité : Vous le savez désormais, les apnées du sommeil peuvent aussi être dues à l’obésité. Ainsi, la perte de poids semble efficace pour diminuer les apnées, que ce soit à l’aide d’un régime ou de la chirurgie bariatrique (qui reste cependant réservée aux obésités morbides).

Cependant, avant de vouloir résoudre un syndrome d’apnées du sommeil, il faut déjà éviter de l’aggraver.

Pour ce faire, voici quelques conseils susceptiblesx de vous aider à réduire vos apnées du sommeil :

  • Eviter de trop manger le soir ;
  • Eviter la dette de sommeil ;
  • Eviter les somnifères (notamment les benzodiazépines) ;
  • Eviter l’alcool ;
  • Si vous souffrez d’obésité, perdez du poids ;
  • Eviter de dormir sur le dos (mettez une camisole de force, attachez-vous au lit, greffez-vous des balles de tennis le long de la colonne vertébrale, faites ce que vous voulez, mais faites-le sur le côté) ;
  • Si vous souffrez d’une obstruction des voies nasales (rhume, rhinite allergique, déformation de la cloison nasale, etc), soignez-vous !

J’espère que cet article vous aura plu et peut-être qu’il vous aura permis d’en parler avec l’un de vos proches si vous pensez que celui-ci souffre d’apnées du sommeil. Dans tous les cas, n’hésitez surtout pas à en parler avec votre médecin. Concernant l’article, n’hésitez pas à le commenter, nous vous répondrons bien évidemment, et avec plaisir comme toujours !

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