Effet psychologique de la pleine lune : des mythes à la réalité
« Ah, je ne vais pas dormir encore ce soir, c’est la pleine lune ! ». Vous avez probablement déjà entendu cette phrase, ou vous l’avez peut-être même formulée. La pleine lune est un phénomène qui nourrit l’imaginaire collectif depuis des millénaires, il est donc normal que les croyances sur ses effets sur l’Homme soient nombreuses. Nous allons voir au travers de cet article ce qu’est un effet psychologique, comment est-il mis en jeu par rapport à la pleine lune et ce que cela implique réellement dans notre quotidien.
Définition d’un effet psychologique
Un effet psychologique est en général confondu et complémentaire avec le « biais cognitif ». Le biais cognitif est un mécanisme de pensée qui dévie le jugement d’une personne. Ce phénomène va donc provoquer une distorsion de la pensée. Par exemple, si vous croyez à l’astrologie et que vous avez lu un article le matin qui disait « vous allez faire une bonne rencontre aujourd’hui », non seulement, votre comportement va s’y adapter et vous allez être plus ouvert, plus souriant que d’habitude (effet psychologique) mais lorsque vous allez rencontrer quelqu’un, votre façon de penser sera biaisée et vous allez vous dire que vous avez fait une bonne rencontre même s’il n’y avait rien de formidable en réalité (biais cognitif).
Un biais cognitif n’est pas maîtrisable dans l’immédiat, c’est une façon automatique de traiter une information, comme le fait d’avoir les catégories mentales différentes pour les mots « chat » et « arbre ». Donc à moins que l’on prenne le temps d’y réfléchir, on ne va pas se rendre compte que notre pensée est pré-construite.
Un effet psychologique est plutôt une façon de penser (biaisée ou non) qui va agir sur le comportement. Donc par exemple, le fait de se dire que l’on va mal dormir parce que c’est la pleine lune et que cela se passe « comme prévu » est un effet psychologique.
Ces effets touchent tous les domaines de la vie mais aussi tous les aspects de notre psychisme dont la perception et la mémorisation par exemple.
Mythes sur les effets de la pleine lune sur l’Homme
De nombreux mythes sur les effets de la lune fleurissent depuis la nuit des temps. La lune serait responsable de bien des merveilles comme le fait que les plantes soient plus belles et vigoureuses selon la phase lunaire où elles sont mises en terre. Cet astre, lorsqu’il est dit « plein », serait aussi l’auteur d’un nombre d’accouchement accru, de cheveux qui poussent plus vite et de nuits agitées.
La pleine lune est aussi connue pour modifier les états psychiques des individus. Les premières mythologies parlent de loups-garou et de vampires qui profitent de cette exceptionnelle lumière nocturne pour se révéler et attaquer leurs proies.
Aristote s’est mêlé du sujet et avait suggéré l’idée que le cerveau, étant l’organe le plus humide du corps, était le plus vulnérable aux variations lunaires. Par la suite, Paracelse, médecin au XVIe siècle, avait distingué les « lunatici » des autres, car leur folie était due à la Lune et plus particulièrement à la pleine lune.
De nos jours, il est donc devenu banal de penser que les comportements étranges, les internements dans les hôpitaux psychiatriques et les suicides sont plus importants les nuits de pleine lune. Selon une étude canadienne de 2013, hormis pour l’angoisse, il n’y a aucun lien entre les internements psychiatriques et les phases lunaire. Cependant, comme l’angoisse peut être liée à de simples pensées, cela n’entre pas en compte.
Aussi, le fait que notre langage soit axé autour de ces mythes continue à les perpétrer. L’expression « être lunatique », par exemple, vous est forcément familier et symboliquement, cela induit encore l’idée que ce comportement est due à la Lune.
Comme l’a dit Jean-Louis Heudier, astronome français, dans Le Livre de la Lune « La lune est un remarquable miroir nous renvoyant la lumière du soleil … Elle nous renvoie aussi parfois la lumière de notre bêtise. »
Les effets scientifiquement reconnus de la pleine lune
La Lune a cependant bien des effets reconnus, mais vis à vis de notre planète uniquement. La pleine lune est un phénomène astronomique qui se produit lorsque la Terre et la Lune sont quasiment alignés. Une des faces de la Lune est alors complètement éclairée au moment où le Soleil se lève de l’autre côté de la Terre, elle est dite « pleine ». Les astres ont tendances à s’attirer et à se rapprocher au fil des siècles. La Lune a alors un impact sur la Terre au niveau gravitationnel et inversement. Il est aussi reconnu que les niveaux de marées océaniques sont relatifs aux phases lunaires. Et c’est à peu près tout.
Plusieurs études de Christian Cajochen tendent cependant à confirmer l’hypothèse que la pleine lune aurait un effet sur le sommeil. Lors de ses expériences, les phases de sommeil d’individus qui n’avaient pas connaissance des phases lunaires ont été surveillés via des électro-encéphalogrammes afin de capter les différentes ondes caractéristiques de nos états de sommeil. Ils ont alors remarqué que les soirs de pleine lune, le taux de mélatonine (hormone du sommeil) diminuait et que le sommeil était moins long et moins profond. Christian Cajochen dira que le rythme lunaire est alors surement ancré, tout comme le rythme circadien (journée de 24h). En effet, il a précédemment été observé que des individus privés de la lumière solaire gardaient le même rythme de vie. Il est donc possible que nous ayons une horloge interne dite « circalunaire » tout comme nous avons une horloge interne circadienne. Selon l’auteur de cette étude, cela pourrait être les restes de temps plus anciens, lorsque la Lune avait influence indirecte sur nos comportements. Il est probable que les nuits, plus lumineuses grâce à la pleine lune, laissaient entrevoir d’autres possibilités pour les Hommes mais aussi pour leurs prédateurs.
Toutefois, cette étude ne suffit pas à prouver l’influence de la lune sur les cycles du sommeil car bien d’autres vont à l’encontre de ces résultats, notamment des études chez les enfants qui seraient pourtant soi-disant plus sensibles.
Un effet psychologique à la limite de l’effet placebo
Une pensée classique qui vise à expliquer l’impact lunaire est de dire que, puisque la lune influence les marées et que l’on est majoritairement composés d’eau, il est normal que cela nous influence aussi. En réalité, nous sommes de si petits éléments que nous n’entrons pas en ligne de compte. Cette pseudo science est un biais cognitif rationnel mais, sans démarche scientifique, cela ne suffit pas.
De nombreuses personne travaillant dans des structures psychiatriques ont été interrogés et ils étaient jusqu’à 80%, selon leur poste, à penser que les troubles étaient plus intenses lors de la pleine lune. C’est tout simplement un énorme pourcentage d’individus qui participe à rendre vraie cette croyance sans le vouloir. Il faut savoir que lorsque l’on pense que quelque chose est vrai, non seulement on déforme la réalité pour que cela corresponde à nos pensées, mais on fait aussi en sorte que l’environnement le dise. C’est un effet psychologique connu du chercheur, il tend constamment à confirmer son hypothèse sans le faire exprès. C’est pour cela que les cadres des expériences ont été reformulés et que l’on travaille régulièrement en double aveugle afin d’éviter ce biais. Dans une recherche en science sociale, la personne qui fait passer les expériences à des sujets, ne saura pas ce que veut prouver le chercheur et ainsi il ne se comporte pas d’une façon qui influence les sujets à répondre ou à agir d’une certaine manière.
Tout comme l’effet placebo, qui illustre joliment l’influence du mental sur l’organisme, nos croyances modifient notre comportement et notre façon de voir les choses. Les incidences constatées depuis plusieurs générations lors des soirs de pleine lune se révèlent alors comme le produit de notre pensée.
Au delà des effets psychologiques de la pleine lune
Les effets psychologiques induit par nos croyances sur la pleine lune ne sont pas les seuls à nous jouer des tours. D’autres effets provoquent chez nous des modifications du comportement, de la pensée et autres.
Il y a par exemple, l’effet barnum qui a été abordé sur le blog, mais aussi le cercle vertueux qui est, en somme, une succession d’événement positifs intrinsèques. Pour approfondir sur le sujet, lorsque nous sommes dans un cercle vertueux, notre confiance augmente, ce qui augmente à son tour la probabilité de vivre des événements plus heureux et ainsi de suite. Notre perception est aussi modifiée dans le sens où nous allons plutôt nous attarder sur les côtés positifs que sur les aspects négatifs de notre vie, chose qui va booster notre comportement à perdurer dans ce cercle vertueux.
De multiples effets de ce genre ont été mis à jour, qu’ils soient psychologiques, neurologiques ou sociologiques et bien d’autres se tapissent surement encore dans l’ombre de nos connaissances. Peut-être que demain, vous prendrez le temps de les observer dans votre quotidien.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de lire cet article, j’espère qu’il vous aura intéressé autant que moi. Si vous avez des questions ou des remarques, je me ferai un plaisir d’y répondre.
Etudiante en psychologie à l’université de Nice, je suis passionnée par mes études mais aussi par les sciences, les arts et le monde en général. J’accorde beaucoup d’importance au fait d’être le plus complète et juste possible, c’est pourquoi je me noie dans le sujet afin de vous proposer des articles de qualités, avec un grand angle critique.