Trouble de la personnalité histrionique : qu’est-ce que c’est, comment se comporte une personne hystérique et que faire face à elle ?
Avez-vous déjà rencontré une personne qui vous semblait en pleine représentation théâtrale lors d’un simple brunch ? Une petite amie folle de rage à la vue d’une potentielle concurrente ? Un camarade de classe qui tombe malade à chaque fois que quelque chose ne va pas comme il le veut dans sa vie ? Vous avez alors probablement rencontré une personne atteinte du trouble de la personnalité histrionique, ou personnalité hystérique. Ce trouble est une pathologie décrite dans le DSM (la bible des psychiatres) et qui toucheraient entre 2 à 3% de la population. Au travers de cet article, nous allons voir ce qu’est ce trouble, quels sont ses symptômes et causes, comment se comporte une personnalité histrionique mais aussi que faire face à une personne atteinte car leur façon d’être peut parfois nous irriter. Découvrez dans cet article tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le trouble de la personnalité histrionique.
Définition psychiatrique du trouble de la personnalité histrionique
Selon le DSM IV, ce trouble apparaît au début de l’âge adulte et intervient dans des aspects divers de la vie du sujet selon au moins cinq des manifestations suivantes :
- Personne mal à l’aise dans les situations où elle n’est pas au centre de l’attention
- Interaction avec autrui souvent caractérisée par un comportement de séduction inadapté ou une attitude provocante
- Expression émotionnelle superficielle, rapidement changeante et exagérée
- Utilise son aspect physique pour attirer l’attention sur soi
- Manière de parler très subjective et pauvre en détails
- Dramatisation et théâtralisme
- Suggestibilité (facilement influencé par autrui ou par les circonstances)
- Estime que ses relations sont plus intimes qu’elles ne le sont en réalité
Un peu d’histoire sur l’hystérie
Au départ, le trouble de la personnalité histrionique était nommé « hystérie », mot tiré du grec qui veut dire utérus. L’hystérie se décrivait alors comme une maladie due au déplacement de l’utérus dans le corps, ce qui provoquait certains symptômes. On l’aura donc compris, l’hystérie était auparavant exclusivement féminine, d’où les expressions douteuses actuelles dès lors qu’une femme est un peu trop expressive.
Plus tard, Breuer et Freud ont décrit ce trouble. Les hystériques étaient alors reconnues grâce à leurs extrêmes réactions physiques au contact : elles se mettaient à convulser violemment ou à se tétaniser brusquement. A cette époque, les épileptiques et les hystériques ont été placés dans un même bâtiment à la Salpêtrière (célèbre hôpital parisien). C’est probablement là qu’elles ont dû se découvrir la possibilité de convulser. Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus d’hystéries convulsives, mais on les reconnaît toujours au travers de désordres physiques sans pour autant que soient trouvées des causes physiques. Il faut savoir que l’une des particularités de la personnalité histrionique est de changer de symptôme, tel un caméléon et que cela est généralement relatif aux grands maux des époques.
Même si ces mises en scène peuvent sembler exagérées et forcées, de réelles souffrances se cachent derrière et c’est le moyen que les personnes atteintes de ce trouble ont trouvé pour s’en défendre.
Des symptômes hauts en couleurs pour les personnalités histrioniques
Le symptôme le plus important est nommé « conversion » par la psychanalyse. Ce symptôme ressemble beaucoup à de la somatisation, c’est à dire qu’un mal être psychique se convertis en un mal être physique. Quand vous êtes dérangé lors d’une discussion et que d’un coup ça vous démange quelque part, c’est de la somatisation.
Chez une personne atteinte du trouble de la personnalité histrionique, la somatisation est cependant différente car c’est plutôt un événement traumatique qui est converti au niveau du corps. Ces conversions peuvent être de tous types tels que des anesthésies, des paralysies, des maux de têtes ou bien tout simplement la sensation d’avoir boule dans la gorge. Attention, des symptômes pris seuls ne suffisent pas à diagnostiquer un trouble.
Un autre des symptômes visibles de ce trouble est le besoin d’être au centre de l’attention, ce qui va recouper avec la théâtralité. Son comportement va alors s’apparenter à une mise en scène rocambolesque : une tenue originale, un air dramatique et des décibels vocaux en plus au programme. Cette théâtralité nous met souvent mal à l’aise car nous sentons comme un décalage mais c’est à leur dépend qu’ils agissent ainsi.
Un des grands comportements typique d’une personne hystérique est la séduction. Tout sera mis en œuvre pour séduire l’autre et surtout, pour combler ses attentes. C’est pour cela que les personnalités histrioniques se comportent différemment selon les individus auxquelles elles font face : elles veulent répondre à leurs désirs en étant la femme ou l’homme idéal. Aussi, leur comportement sera érotisé automatiquement, peut être importe si la personne qui lui fait face l’intéresse réellement, c’est un mode de relation particulier qui est propre à ces personnalités.
Ce comportement contraste cependant avec les troubles de la sexualité que vit l’hystérique. En effet, ils peuvent être frigides et connaître des dyspareunies (douleurs lors des rapports). Les femmes ont aussi souvent tendance à faire du vaginisme, c’est à dire qu’elles ont des contractions musculaires du vagin, ce qui empêche les hommes de les pénétrer. Chez un homme atteint du trouble de la personnalité histrionique, il y aura plutôt une baisse ou une absence de désir et/ou des troubles érectiles. Chez les deux sexes, il se peut aussi qu’ils n’atteignent pas d’orgasmes lors des rapports.
D’autres symptômes viennent s’ajouter au tableau clinique comme des troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie…) ou divers troubles de la mémoire (amnésies sélectives, faux souvenirs, fabulations…).
De plus, le comportement qui peut nous amener à penser qu’un individu est hystérique, c’est le fait que ses symptômes changent constamment, que ce soit par rapport aux époques ou par rapport à ses humeurs. De plus, ils sont extrêmes suggestibles, ce qui est sans doute corrélé à cette symptomatologie changeante. Pour illustrer la suggestibilité hystérique, c’est comme si on vous disait « tiens, j’aime beaucoup le vert » et que le lendemain, vous vous habillez en vert inconsciemment. Cela peut arriver à tout le monde mais c’est une règle d’or pour une personnalité histrionique.
Une personne hystérique est aussi très empathique et attentive aux détails. C’est un tableau un peu noir qui est dressé ci-dessus mais ce sont pourtant des personnes intelligentes, souvent créatives et chaleureuses. Chaque trouble connaît ses avantages et ses inconvénients mais c’est toujours la meilleure façon qu’à trouver l’individu pour survivre au mieux.
L’exception masculine
Au départ, l’hystérie masculine était inexistante, mais il a finalement été accepté après un certain temps que les hommes aussi pouvaient être atteints du trouble de la personnalité histrionique.
Les hommes histrioniques diffèrent tout de même légèrement des femmes atteintes. Par exemple, ils sont, en général, plus du côté de la somatisation que de la théâtralité.
Dans son aspect de séduction, les hommes hystériques ont plutôt tendance à faire les clowns pour amuser la galerie et puis aussi probablement pour faire écho à l’adage « femme qui rit… ». Ils seront pourtant parfois face à des doutes quant à leur homosexualité tout en ne se trouvant pas assez masculin pour le rôle d’homme.
Aussi, ils vont avoir une forte tendance à exagérer leurs aspects physiques pour être, par exemple, le portrait type de l’homme viril ou bien l’homme affaire parfaitement élégant. Ce trait-là se retrouve également chez les femmes hystériques qui sont très féminines et apprêtée.
Le trouble de la personnalité histrionique dans le couple
Une personne hystérique est assez spéciale en couple. Tout d’abord, elle s’invente un personnage les premiers temps afin de répondre à vos attentes idéales tout en vous idéalisant à la fois. Puis une fois qu’elle lâche ces idéalisations, c’est comme si elle vous reprochait de ne pas correspondre à ses rêveries.
Un autre aspect de la vie de couple d’un hystérique est illustré par ce que Lacan disait : il « cherche un maître sur qui régner ». Plus le temps passe et plus la personne atteinte d’un trouble de la personnalité histrionique va tenter d’avoir la main mise sur son partenaire alors qu’avant, elle se soumettait à l’autre.
L’hystérique va aussi se mettre perpétuellement en position de victime, quoi qu’il arrive, ça sera de votre faute. Elle se verra alors véritablement comme torturé par l’autre et fera tout pour se tenir à ce rôle alors qu’elle est capable de s’identifier comme la source du problème dans le cadre d’une analyse. On peut voir dans ce trait de caractère de la manipulation mais il faut savoir qu’elle est pourtant la première personne qu’elle manipule.
Pour finir, une personnalité histrionique en couple verra dans l’autre du même sexe un concurrent féroce. Sa façon de voir les choses vont donc progressivement l’amener à croire que cet autre veut lui voler son compagnon, ce qui va la pousser à faire des crises de jalousie répétées.
Des causes incertaines
De multiples travaux ont été menés sur le trouble histrionique, à commencer par Freud. Il pensait d’abord que ce trouble résultait d’un traumatisme en deux temps : un acte sexualisé de la part d’un adulte envers un enfant qui ne peut mettre de mot sur cet événement puis, plus tard, la compréhension de cet acte qui provoque un trauma cette fois. L’auteur a fini par se rétracter sur sa théorie en disant qu’en réalité, le premier temps du traumatisme était uniquement imaginé par l’enfant puis que la compréhension de sa rêverie l’avait traumatisé dans un second temps. Il est aussi tout simplement probable que de réels traumatismes dans l’enfance peuvent provoquer un trouble de la personnalité histrionique.
De récentes études d’imageries cérébrales démontrent des régions d’hyperactivités et d’hypoactivités lors de la conversion hystérique. On a donc trouvé, par exemple, qu’une paralysie hystérique met en jeu des zones du cortex frontal liées aux représentations affectives et à l’état de « perte de contrôle ». La conversion est en tout cas désormais corrélée à un fonctionnement neurologique particulier.
Faire face à une personne atteinte d’un trouble de la personnalité histrionique
S’adresser à un psychanalyste pourra être bénéfique pour un hystérique car la catharsis (en gros, parler pour libérer ses émotions bloquées) fonctionne bien sur eux. Le fait de travailler sur des thèmes et de changer de perspective peut les aider à se remettre en question et à s’apaiser dans leur quête du désir impossible. Attention, forcer quelqu’un à aller en thérapie n’est pas bénéfique et ne fait qu’engendrer des blocages en général, mais si la personne est demandeuse, un professionnel, psychologue ou psychiatre, pourra l’aider.
Si vous avez un ami hystérique, ne commencez pas à l’analyser et l’aider. Déjà, une personne atteinte de son trouble modifiera son comportement au fur et à mesure et vous ne saurez plus quoi faire pour combler son mal mais en plus, c’est justement la position dans laquelle un hystérique cherche à se mettre. Il a besoin d’un sauveur mais c’est un sauveur idéalisé qui n’existe pas. A part pour engendrer des frustrations des deux côtés, vaut mieux s’abstenir face à ce genre de personnalité s’il on n’est pas un professionnel.
Je vous remercie d’avoir lu cet article. Si vous avez des remarques à faire ou des questions à poser, nous serons enchantés d’y répondre.
NB : Images 1 et 3 par Laurie de Rosa.
Etudiante en psychologie à l’université de Nice, je suis passionnée par mes études mais aussi par les sciences, les arts et le monde en général. J’accorde beaucoup d’importance au fait d’être le plus complète et juste possible, c’est pourquoi je me noie dans le sujet afin de vous proposer des articles de qualités, avec un grand angle critique.